Les rues etaient pleines de monde.
Regulii?rement, de bruyantes detonations faisaient trembler nos vitres. Notre mouvement, le bruit, l’odeur d’la poudre, le parfum des chocolats qu’on foulait a toutes les pieds ou qui s’epanouissaient en fraiches guirlandes a toutes les etages superieurs, des drapeaux qui flottaient au vent, les clameurs de la foule, tout annoncait, bien respirait le bonheur. La, des bandes d’enfants bondissaient, se jetant a travers les jambes des promeneurs pour ramasser dans la poussiere une rose a moitie fletrie. Ailleurs, des meres de famille donnaient fierement mon tour a de jolies petites filles, blondes tetes, doux visages, beautes de l’avenir, dont on avait cache nos graces naissantes sous 1 costume grec du plus mauvais gout. Et partout en gaiete, des hymnes, des chansons ! A chaque fenetre, des yeux tout grands ouverts ; a chaque porte, des mains pretes a applaudir.
C’est que, depuis un certain temps, on n’avait eu pareille occasion de se rejouir. La municipalite de Bayeux venait de receptionner trois pierres de la Bastille, sur lesquelles on avait fera graver les droits de l’homme ; et l’on devait profiter de cette circonstance pour inaugurer nos bustes de Marat, de Le Pelletier et de Brutus.